Enseignant à The Garden Academy, Andrés Lara est aussi doctorant en linguistique (phonétique et phonologie) à la Sorbonne. Ses recherches, leurs résultats et l’expertise qui en découlent ont un impact immédiat et profitable pour les enfants qu’il encadre au sein de nos écoles à Paris. S’il fallait le dire en une phrase, pour devenir bilingue, Andrés Lara explique que la durée d’exposition représente le facteur clé. Votre enfant peut apprendre l’anglais par le jeu, la musique, la lecture, mais surtout, pour progresser, il doit être exposé à la langue. Les études sur lesquelles Andrés Lara s’appuie prouvent que l’enfant apprend une langue de manière distributionnelle, que la simple exposition permet l’apprentissage linguistique.

Le temps d’exposition, fondement de l’apprentissage

« Les enfants, comme nous le savons, ont une incroyable capacité à apprendre les langues. Tous les enfants acquièrent une langue de manière distributionnelle. Cela signifie qu’ils apprennent le langage à partir d’une simple exposition. Plus ils seront exposés à une langue, mieux ils pourront la parler et la comprendre. L’apprentissage distributionnel est généralement associé à l’intégration de sons, même si des études récentes démontrent qu’il s’applique également à l’acquisition de la grammaire (Hall et al., 2017). Dès lors, ce n’est pas étonnant que les premiers mots qu’un enfant apprend et prononce soient ceux qu’il entend le plus souvent (ballon, maman, papa, etc.). Les enfants monolingues sont exposés à la langue de manière constante, mais qu’en est-il des enfants bilingues ? Quel temps d’exposition est jugé suffisant ? Il n’y a pas de formule magique. L’exposition peut varier en quantité et en qualité. Une fois encore, plus les enfants sont exposés à la langue, meilleures seront leurs chances de parvenir à la maitriser. Le degré d’exposition dépend aussi de ce que les parents souhaitent pour leur enfant. Ainsi, si l’objectif est simplement d’exposer l’enfant à une deuxième langue, quelques heures par semaine devraient être satisfaisantes. Mais si l’objectif est de devenir bilingue, l’exposition doit être fréquente et importante. Une heure par semaine ne suffit pas, car les enfants, dans ce cas, doivent être exposés quotidiennement à la langue cible[1]. L’exposition quotidienne ne doit pas être réduite à visionner des films ou écouter des chansons. Les enfants devront interagir avec des interlocuteurs dans de nombreuses situations et utiliser la langue cible à des fins différentes. Les enfants devront également ressentir le besoin de parler la langue. Par exemple, les environnements monolingues[2] les aident à comprendre qu’il y aura des moments où ils ne pourront pas compter sur leur langue dominante[3]. Enfin et surtout, les enfants doivent aimer parler cette nouvelle langue. »

[1] La langue que l’enfant essaie d’apprendre.

[2] Des environnements où la seule langue parlée est la langue cible.

[3] Soit la langue maternelle, soit la langue la plus représentée dans le milieu de l’enfant.

L’école bilingue en immersion

Chez The Garden Academy, nous accueillons tous les matins les enfants en anglais, et utilisons uniquement la langue de Shakespeare tout au long de la journée en pré-maternelle et plus de la moitié du temps en maternelle. Les enfants sont ainsi immergés dans la langue et la culture d’un pays étranger – en l’occurrence anglophone – en plein centre de Paris ! C’est un véritable plus pour progresser et devenir bilingue, car l’immersion augmente évidemment la durée d’exposition, facilite le passage d’une langue à l’autre et rend la pratique de l’anglais naturelle. Nos encadrants, natifs anglophones, profitent de chaque petit moment de la journée pour enrichir le vocabulaire des enfants. Il n’existe pas une méthode pour devenir bilingue, des cours, une formation ou une recette miracle, encore moins des trucs et astuces, mais il existe une approche, une manière d’appréhender l’apprentissage de la langue mêlant régularité et qualité d’un enseignement adapté selon les âges et les profils, et suivant la progression de l’enfant.
« Les écoles immersives représentent, pour votre enfant, une formidable opportunité d’exposition à la langue. Ces établissements recréent différentes situations de la vie quotidienne et couvrent une large diversité de sujets amenant les enfants à utiliser la langue cible dans des configurations qu’ils n’auraient pas pu connaître autrement. De plus, la plupart des écoles immersives offrent un environnement monolingue où seule la langue ciblée est parlée. Et la bonne école devra savoir rendre l’exposition à la langue cible cohérente, variée et amusante !
Toutes ces recommandations peuvent, de prime abord, impressionner un peu les parents, particulièrement quand nous avons de grandes attentes vis-à-vis de notre enfant. Mais j’ai tendance à rassurer les familles tout en réaffirmant ce qu’ils savent déjà : le parfait bilingue n’existe pas. Pour citer François Grosjean (Professeur en psycholinguisme, 1989) : « Le bilingue ce n’est pas deux monolingues en une personne ». Même les bilingues qui ont été exposés à deux langues dès la naissance peuvent oublier le mot pour dire 🪛[1] dans une langue ou dans l’autre. C’est ce qu’on appelle le Complementary Principal, le Principe des compléments (François Grosjean, 2012). Les enfants utiliseront une langue pour combler les lacunes de l’autre. C’est parfaitement naturel.
Les langues sont apprises dans différents contextes et sont utilisées à des fins différentes. Cela signifie qu’un enfant peut être exposé au mot pour dire 🪛, par exemple, dans une langue et pas dans l’autre. C’est pourquoi les bilingues ont tendance à être plus à l’aise pour parler une langue dans certaines circonstances et pas dans d’autres. Cela ne doit pas être perçu comme un handicap. Ils sont pour autant tout à fait capables de naviguer dans des situations monolingues dans les deux langues. »

[1] Tournevis.

L’accompagnement à la maison

Notre équipe pédagogique native anglophone est composée d’enseignants et d’intervenants tous spécialisés dans des domaines de compétence en rapport avec les activités et ateliers que nous proposons au sein de nos trois établissements à Paris. Nous développons diverses thématiques pour enrichir le vocabulaire des enfants autour desquelles nous déclinons des objectifs précis pour chaque niveau de maîtrise de l’anglais en vocabulaire, en syntaxe, en grammaire, à l’oral et à l’écrit (en fonction de l’âge de l’enfant). Les progrès sont régulièrement évalués afin de mettre en place un plan personnalisé d’apprentissage pour chaque enfant que nous communiquons à la famille. Cet outil permet aux parents de prendre connaissance du niveau de leur enfant et de mettre en place, s’ils le souhaitent, une continuité à la maison. Sur les conseils de notre équipe pédagogique et d’après le travail effectué à l’école, les parents peuvent mettre en place des habitudes, des rituels, quelques exercices, ou constituer une bibliothèque de livres en anglais… Les supports sont nombreux même pour des parents non anglophones ou qui ne parlent pas du tout anglais.
« J’aime aussi rappeler aux parents que l’apprentissage ne s’arrête pas à la sortie de l’école. Pour se donner toutes les chances de réduire l’écart entre deux langues, car c’est un fait il y a toujours une langue dominante, les parents doivent également faire les efforts nécessaires pour que l’enfant soit exposé, en dehors du milieu scolaire, à la langue cible. Si aucun parent n’est natif anglophone ou ne parle la langue, ils peuvent se référer à la liste infinie des ressources disponibles en ligne : des livres, des films et des chansons qui viendront compléter l’apprentissage. Ces ressources sont d’une grande aide tant qu’elles sont choisies avec soin et qu’elles reflètent l’enseignement fait en classe. Et si tous les efforts sont consentis, l’apprentissage d’une deuxième langue devrait être comme une seconde nature pour votre enfant ! »

Qui est Andrés Lara ?

Né en Colombie, Andrés a grandi dans le New Jersey, aux États-Unis. C’est là-bas qu’il a étudié à l’université des langues avant d’obtenir un Master en langue à la Sorbonne. Professeur diplômé de français aux États-Unis, Andrés enseigne depuis plus de sept ans au primaire comme au secondaire. Il a notamment été professeur d’anglais dans une école bilingue Montessori. Aujourd’hui, il anime les activités périscolaires à The Garden Academy tout en préparant son doctorat en linguistique.

🎧 Écouter l’interview intitulée « Bilinguisme » de François Grosjean, professeur émérite en psycholinguisme : https://www.youtube.com/watch?v=zj_CywViTzQ&t=1s